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Photo du rédacteurCécile-Purusha Hontoy

Connais tu la valeur de la mort dans les civilisations anciennes ?


 

 

Aujourd’hui, il n’est pas rare, d’offrir un papillon bleu ou blanc à la famille d’un disparu.  Mieux, on le dépose délicatement dans le cercueil avant de le refermer. Certains et certaines les portent en épinglettes pour signifier leur épreuve montrant l’espoir de revoir le défunt, un jour,  dans une autre vie peut-être.

 

Cette pratique actuelle rappelle étrangement la pratique utilisée  par l’homme du Néandertal.  En effet, les archéologues ont retrouvé la momie d’un enfant mort, fœtus couvert de papillons. Cette découverte signale qu'à cette époque fort ancienne des rituels, des croyances, des manières de faire existaient. Ces rituels accompagnaient le mort dans son autre vie, sa renaissance, sa libération possible.




 

L’interrogation sur la mort, la détresse laissée par le partir pour toujours, l’abomination angoissante de la perte et du deuil, ont donc été ressentis par cette société bien antérieure à la nôtre. Aussi nous nous interrogeons. La mort et son interrogation sur le sens de la vie comme continuité est-elle à l’origine de l’intelligence cognitive, conceptuelle, différentielle de l’humain?

 

Les grecs maniaient la philosophie initiatique de mains de maîtres.  Chez eux, nul ne pouvait prétendre aux initiations sans s’être retiré du monde, s’être instruit du monde, et avoir renaît c'est-à-dire transcendé  ses propres peurs et doutes ! Alors seulement les initiés  se méritaient le nom d’humains. Ils connaissaient la mort  pour un passage obligé. Leurs initiations proposant l’expérience réelle  et personnelle de la vie s’arrêtant et continuant après la mort. 


Pour les  grecs, les morts sont emportés dans une barque par le grand fleuve nommé « Styx ». Arrivés sur l’autre rive, ils sont reçus par Aquérion, le passeur. Il faut le payer ! Et la ferveur populaire voulait qu’on laisse le prix du voyage de la mort, dans le cercueil même.

 

Toutes les civilisations et religions anciennes ont en commun un grand respect pour le corps du mort, une considération pour sa vie après la mort.

Est -ce ce sentiment éthique et religieux  qui nous distingue des animaux ?


Pour les anthropologues, la mort a créé la prise de  conscience humaine du temps comme fini. Si l'attachement est nécessaire, sa continuité le devient tout autant. On retrouve alors des fleurs, des tombes, et des artéfacts signalant des rituels aux endroits consacrés pour les préparations et les enterrements des morts !  Ces emplacements deviennent sacrés et indiquent aux morts dans l'au delà le lieu des rencontres post mortem. 

 

L’Égypte exacerbe l’expérience mortuaire.  Durant plus de trente mille ans, cette civilisation  se donne le droit de s’attarder sur ses morts. Des pyramides, des sarcophages , une mythologie exceptionnelle se consacre expressément aux morts, à la vie après la mort.

 

Mourir, pour cette civilisation, est compris comme prendre le chemin pour rejoindre son âme nommée le Ka.  La momification permet un soin au corps destiné à une renaissance sous forme subtil.  Sur les tombeaux et les pyramides, on peut lire la phrase suivante : « Vois, je suis un grain de blé et j’ai grandi en toi et maintenant, je renais en toi ». Le livre égyptien  de la mort  est au même titre que le livre tibétain de la vie et de la mort, un  livre initiatique décrivant avec détails non seulement les soins et prières mais aussi  le voyage du mort dans les mondes de l’après vie.

 

Pour ces deux civilisations un prêtre, une prêtresse, un moine, une moniale, un ou une chamane, un  personnage hautement initié, homme ou femme suit de façon médiumnique le mort dans son voyage et sa quête ultime. Il lui indique la route. Ici  à partir du dessin des méandres d’un fleuve sacré, là au travers d’un mandala  aux 16 bouddhas ! C’est le même soin qui est donné, le même sentiment nécessaire à la guidance d'une âme se perdant sinon dans un labyrinthe mystérieux.

 

Existe-t-il dans notre société désacralisée un tel soin pour le mourant et son voyage outre tombe ?  Sans tomber dans d’irréalismes des rituels compliqués, ne faudrait il pas  repenser  le dernier voyage afin de fournir aux personnes décédées et à leurs âmes, les soins et les prières nécessaires à leur accomplissement paisible et donc au nôtre ?


Cécile hontoy, M.A anthropologie religieuse, UQAM

( swami Purushananda)

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